Let’s dance

exposition collective
22 octobre 2010 - 16 janvier 2011
vernissage vendredi 22 octobre, à partir de 18h30

L’exposition « Let’s Dance » est un appel à la danse, entendue comme une forme possible de célébration festive, mais aussi comme un appel à la résistance.

Cette exposition explore la notion de commémoration et d’anniversaire. À la manière d’une vanité, les questions existentielles sous-tendent l’exposition — avec près d’une quarantaine d’artistes, l’exposition éclaire l’usage fait par les artistes de la symbolique et des signes festifs. Comment résister à la mort et à l’oubli ?

Mot du commissaire de l’exposition

Poussière, tout n’est que poussière

En résonance avec le quatrième accrochage de la collection du MACVAL déroulant la piste du souvenir, de la mémoire et de la trace, l’exposition « Let’s Dance » réunit une quarantaine d’artistes internationaux et propose une déambulation dans les territoires de la célébration. Qu’est-ce qu’un anniversaire ? une fête ? une commémoration ? Que se cache-t-il derrière les feux d’artifice, les fanions et autres paillettes ? derrière ces moments de rassemblement collectifs, ces moments où le corps social s’affirme et se construit dans un même mouvement ?

Le titre fait tout aussi bien référence à l’album éponyme de David Bowie paru en 1983 qu’aux danses macabres médiévales. « Let’s Dance » compose une sorte de Vanité dans la grande tradition de l’histoire de l’art, faisant du Temps qui passe son personnage principal. Il y aura des feux d’artifice, des bougies et des cadeaux, des scènes de repas, des anniversaires de toutes sortes, de la musique, une auto-tamponneuse solitaire, des étoiles, un crâne, des trous noirs, une boule à facettes, des célébrations, des commémorations, des souvenirs, une discothèque pour danseur unique, une street fair, une reconstitution historique, un bouquet de fleurs, un sapin de Noël, des scènes de foule en délire, un char fantôme, les restes d’une fête foraine, des horloges, des journaux, des fanions noirs, un jeune homme à la recherche du temps perdu.

Il y aura d’autres choses encore.
Il n’y aura pas de miracles.
Dansons ?

Frank Lamy

Extraits d’un entretien avec Frank Lamy

“Le point de départ de l’exposition a été de se demander ce qu’est un anniversaire. Un anniversaire, ça revient chaque année et c’est un moment de célébration collective. Partant de là, je me suis intéressé à des pièces qui marquent le temps, qui dans leur processus de fabrication mettent en oeuvre des processus récurrents, comme les pièces de Valérie Favre, celles de Douglas Gordon ou de Peter Dreher. Ensuite, il y a un autre ensemble de pièces qui interroge plus l’être ensemble. Comment constitue-t-on une communauté, par exemple ? Il y a aussi l’idée de la réitération chez Melanie Manchot, l’idée de reprendre ce street fair, qui est un peu l’ancêtre de nos apéros de voisins. Avec Jeremy Deller, il s’agit de reconstituer en scène un moment de lutte entre des syndicalistes et des forces de l’ordre pour mettre en lumière la violence sociale.”

[…]

“Un des enjeux de cette exposition, c’est d’essayer de voir ce qu’il y a derrière le miroir. Qu’est-ce qui est en jeu derrière les feux d’artifice, derrière les signes de la fête ? Sans apporter de réponse évidemment et sans prétendre à l’exhaustivité, mais en essayant de décortiquer ce qui se passe et ce qu’implique le fait de célébrer ensemble un événement, quel qu’il soit. C’est aussi, il me semble, justement dans la logique de l’industrie culturelle, une manière de revendiquer l’art comme outil de réflexion sur le monde, de compréhension du réel, comme outil analytique. Cela ne se réduit pas à des paillettes, à du festif, c’est un espace de pensée.”

[…]

“Il y a plusieurs types d’anniversaires ou de célébrations. Célébrer un individu ou un objet offre aussi au corps social une occasion de se retrouver, de se regrouper et d’affirmer un certain nombre de valeurs. Et c’est un moyen de lutter contre le temps, contre la mort : un anniversaire est un marqueur de temps et quelque chose qui met en lumière. C’est enfin une façon de ressouder la communauté et, si l’être humain a tant besoin de tout célébrer, c’est parce que la célébration est un rituel social fédérateur.”

Petit Journal
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Présentation

Bien sûr, “Let’s Dance” fait référence au célèbre album de David Bowie (1983), aux accents mélancoliques. Une invitation ? Une injonction ? Curieusement, ce titre séduisant raisonne comme un slogan autrefois scandé par Act Up : J’irai danser quand même ! Car il s’agit bien ici, d’une forme de résistance. Cette exposition collective nous livre une vision de l’envers du décor. Mélancolique, le propos de l’exposition l’est d’une certaine manière. Éprouver le besoin irrépressible de commémorer ensemble les événements marquants de la vie, est l’un des fils rouge de l’exposition qui relient la cinquantaine d’oeuvres d’artistes internationaux rassemblés pour “Let’s Dance” du 22 octobre au 16 janvier 2011.

Let’s Dance” propose de visiter les lieux communs de la célébration à travers ses motifs : l’anniversaire, le feu d’artifice, la bougie, le gâteau, la fête des voisins, les rituels de passage, la musique ... qui sont autant de points de rencontre des communautés qui n’empêchent pas cependant, la solitude. L’exposition a ainsi été conçue comme une grande Vanité... Au fur et à mesure de l’exposition, des bribes de récits se tissent. Des événements perçus comme à la dérobée, au détour d’une installation ou d’une sculpture, d’une vidéo ou d’une peinture, sont autant de moments brefs, troublants et incomplets. Mais, ces scènes sont assez universelles pour permettre à tous et à chacun de s’y identifier.

Pour Douglas Gordon, l’anniversaire lui évoque “les larmes” ; à l’occasion de son anniversaire, il perce un crâne d’étoiles qui symbolisent les années écoulées. Un rituel, que nombre d’artistes de l’exposition poursuivent à leur façon : chaque année Valérie Favre peint une nouvelle toile de la série Balls and Tunnels selon un protocole précis. Jour après jour, le peintre allemand, Peter Dreher peint un verre vide sur une table blanche. Un défi lancé au temps qui s’égrène ?

L’artiste flamand, Hans Op de Beeck réalise des vidéos empreintes de mélancolie. Dans All together now... les images passent en boucle. Il nous présente un monde qui tourne comme un carrousel fou, un monde où tout se répète à l’infini, où toute tentative de communication échoue ou paraît vaine. Ces oeuvres ne sont cependant jamais sombres. Elles balancent toujours entre gravité et ironie, entre tristesse et humour.

Toutefois, à la différence des clichés qui décrivent des situations parfaitement stéréotypées, “Let’s Dance” se joue de l’ambiguïté des objets. Ainsi, chez Claude Closky, la pixellisation d’un écran devient un feu d’artifice. Christodoulos Panayiotou s’intéresse quant à lui au feu d’artifice en tant que signal de communication de la mafia napolitaine. Philippe Parreno dans cette oeuvre intitulée Fraught Times : For Eleven Months of the Year it’s an Artwork and in December it’s Christmas (march) pose la question de la temporalité.

Alors, arbre de noël ou sculpture ?

Avec les oeuvres de Bernhard Martin, Single Disco, une discothèque grande comme un placard dont l’usage est pour une personne, ou Love me Tender, une auto-tamponneuse esseulée, de Pierre Ardouvin, ces artistes créent des images frustrantes teintées d’humour et de poésie qui “court-circuitent” notre réseau émotionnel. Ces oeuvres induisent une tension qui produit un effet d’étrangeté, sensation paradoxale face à des oeuvres constituées à partir d’éléments de la fête symbolisant l’amusement. L’individu face au groupe n’échappe pas à la solitude... Pour l’exposition “Let’s Dance”, rien d’ironique ou de morbide, pas plus que d’effusion ou d’empathie. Nulle récupération du passé, nulle anticipation de l’avenir.

Quand l’intemporalité s’installe, même la nostalgie n’existe plus.

CQFD
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Dossier de presse
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Vue de l’exposition Let’s dance


Vincent Olinet
Ma fête foraine
2004


Nathan Coley
There will be no miracles here
2006

Œuvres

Artistes de l’exposition

Fanny Adler
et Cécile Paris
Saâdane Afif
Doug Aitken
Darren Almond
Pierre Ardouvin
Fiona Banner
Walead Beshty
Christian Boltanski
Rebecca Bournigault
Anne Brégeaut
Claude Closky
Nathan Coley
François-Xavier Courrèges
Jeremy Deller
Peter Dreher
Elmgreen & Dragset
Valérie Favre
Sandra Foltz et Laurent Sfar
Douglas Gordon
Stuart Haygarth
Pierre Huyghe
Claude Lévêque
Arnaud Maguet
Melanie Manchot
Bernhard Martin
Kris Martin
Pascal Martinez
Gianni Motti
Marylène Negro
Vincent Olinet
Amy O’Neill
Hans Op de Beeck
Christodoulos Panayiotou
Philippe Parreno
Élisa Pône
Bruno Serralongue
Elisabeth Subrin
Jean-Luc Verna
Mark Wallinger
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Darren Almond, Tide, 2008
(détail)