« Temple of Love - Atopos » par Gaëlle Choisne

Invitée de la collection
Du 9 janvier au 15 décembre 2022
Derniers jours

L’artiste Gaëlle Choisne introduit le vivant dans les salles du musée : elle accueille le corps des visiteurs comme sujet même du projet et met en œuvre le principe d’hospitalité si précieux au MAC VAL, afin de l’envisager et d’en prendre soin.
Invitée à investir les espaces du musée, Gaëlle Choisne propose un projet total qui prend place dans son exploration des Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes, intitulé « Temple of Love », réalisation mise en œuvre depuis plusieurs années dans différents lieux comme ce fut par exemple le cas à Bétonsalon, en 2018.

Cette nouvelle occurrence au MAC VAL, Atopos, se décline au cœur de l’espace de l’exposition de la collection « À mains nues », en regard des autres œuvres. Par des dispositifs mobiliers et sculpturaux elle propose des formes d’accueil du public, l’invitant à participer et à écouter des interventions artistiques programmées par l’artiste : philosophe, artiste, musicien, anthropologue, masseur… une vingtaine d‘interventions prendront place dans ces installations activables pendant une année.

Gaëlle Choisne accompagne les œuvres de la collection par du vivant, par ce qui fait l’essence même de l’humanité : la philosophie, la pensée, le contact, la soif de devenir, la germination, la vie.
Ici, à nouveau, son projet est placé sous le signe de l’amour et des relations à l’autre, une expérience à vivre l’amour comme réponse politique, sociale et solidaire.
Un écosystème au service du et des vivants.

Petit journal
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« Temple of Love »
Manifesto
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Interview de l’artiste

A propos de « Temple of Love - Atopos », entretien avec Gaëlle Choisne, invitée de la collection (09 déc. 2021) on Vimeo

Programmation culturelle

Tout au long de l’année 2022, Gaëlle Choisne présente au MAC VAL des sculptures, des objets, du mobilier, des installations qui mettent en avant le rôle accueillant du musée. Elle invite à son tour des personnes qui interviennent auprès du public à diverses occasions pendant l’année.

Les invités de Gaëlle Choisne
—   Les Apprenant*e*s de l’école des actes
—   Marie-Carmel Brouard
—   Contemporaines
—   Gabriel Fontana
—   Caroline Honorien
—   Nge Lay et Aung Ko
—   Roxanne Maillet et Célia Gaultier
—   Gloria Maso
—   Pascale Obolo et Afrikadaa
—   Anouchka Oler Nussbaum
—   Elisabetta Potasso
—   Emmanuelle Soum

—  Samedis 1er octobre, 5 novembre, 3 décembre, 14h - 18h
Massages, avec Elisabetta Potasso
Au cœur de la collection du musée, la massothérapeute Elisabetta Potasso est invitée par Gaëlle Choisne à incarner l’hospitalité et le soin de son projet total « Temple of Love - Atopos », un écosystème imaginé plus largement au service du et des vivants.
Tous les premiers samedis jusqu’à la fin de l’année, Elisabetta Potasso y propose des massages des mains des visiteurs sur La main flemme, dispositif sculptural créé par l’artiste.
Gratuit avec le billet d’entrée du musée

—  Dimanche 4 décembre, 15h
« Des fins des mondes », performance d’Anouchka Oler Nussbaum

Les vidéos et performances d’Anouchka Oler Nussbaum sont à la fois des tours de magie, des numéros de stand-up et de la philosophie expérimentale. Les sculptures, objets, animaux et humain.e.s qui y prennent part mènent ensemble de jouissives quêtes heuristique. Iels investissent de grandes questions comme l’amour, l’angoisse ou le mode de vie à la recherche de manières d’être au monde, d’être à soi qui soient exutoires, réparatrices, émancipatrices.
Née à Saint Malo en 1988, Anouchka Oler Nussbaum grandit dans une succession de maisons en construction. Elle obtient un MFA du Piet Zwart Institute de Rotterdam en 2012 et participe au post diplôme de l’ENSBA Lyon en 2015. Elle vit et travaille aujourd’hui à Bruxelles où elle a co-fondé feeelings en 2017, un artist-run-space aux préoccupations économiques et affectives. Elle a présenté et développé son travail dans le cadre d’expositions, d’événements collectifs et de résidences avec Galerie (INT), Triangle France (FR), Aware : Archives of Women Artists, Research and Exhibitions (FR), Le Centre national des arts plastiques (FR), Entreprise Projects (GR), La Ferme du Buisson (FR), frac île-de-france - le plateau (FR), Cooper Gallery (UK), MOTINTERNATIONAL (BE), De Appel (NL) et à Setu (FR).
Gratuit

- Projets avec des groupes, partenaires éducatifs et publics du champ social
—  Gabriel Fontana
—  Roxanne Maillet
—  Pascale Obolo
—  Elisabetta Potasso
—  Emmanuelle Soum

Œuvres

Piste sonores

Gaëlle Choisne
Temple of love -Atopos-
Introduction
Gaëlle Choisne
Espace "salon" du MAC VAL

Gaëlle Choisne
La larme arc-en-ciel

Gaëlle Choisne
La main flemme

Gaëlle Choisne
Pimp My Heart

Gaëlle Choisne par Thomas Conchou et Caroline Honorien

" En investissant et en métissant mythes, légendes, cultures créoles et sous-cultures, le travail de Gaëlle Choisne pose en question : qu’est-ce que connaitre ?
Le mélange et la contrefaçon pêle-mêle du vernaculaire, du populaire, du scientifique et de l’intime tiennent bien d’un acte de réappropriation, d’une prise de pouvoir qui révèle et met à distance les systèmes par lesquels les connaissances et les êtres sont caractérisés. L’artiste bâtit par déplacements et contamination une taxinomie perverse qui se joue de l’obsession occidentale pour l’archivage et la classification des choses. _ Cette ambition qui vient réclamer et prendre pour soi l’héritage des histoires coloniales, les effets du capitalisme sur le vivant mais aussi les folklores, l’exotisme mercantile, les survivances impérialistes et les productions industrielles en tout genre (biens culturels, commodités) dessine en négatif la question du corps comme espace de résistance et de soumission à ces phénomènes.
Souvent suggéré plus que présent, le corps s’immisce dans le travail de Gaëlle Choisne, semble-t-il, par tous les côtés.
La porosité des matières, leurs surfaces traitées, travaillées, la permissivité qui s’exprime dans les œuvres, c’est bien celle de la corporéité qui s’infiltre par les objets ou les images. L’accrochage, toujours brut, parfois violent rappelle la fragilité des corps face aux phénomènes culturels et sociaux qui les balaient.
Enfin, c’est le regard du spectateur que l’installation oriente et révèle qui vient activer ces dispositifs en lui rappelant incessamment son choix, sa position, son pouvoir et sa culpabilité".
Thomas Conchou

Thomas Conchou est curateur, co-fondateur du collectif curatorial Le Syndicat Magnifique et coordinateur général pour Societies.


"Chaque itération de « Temple of Love » met au centre de son propos la relation. À cet égard, le remploi de Textus (2018), œuvre du premier « Temple of Love » dans « Temple of Love – Atopos » renseigne sur les enjeux de relations que l’artiste pense et cherche à instaurer depuis et dans l’espace d’exposition. Textus est une installation de tissus, un assemblage de tissus élastiques aux coloris beige et rose vif tendus et cousus chaotiquement.
À chaque présentation, l’artiste glisse des livres critiques dans l’œuvre. On peut donc voir dans Textus une invitation à la lecture commune et à la constitution d’une assemblée de lecteurs. Les qualités plastiques de l’œuvre évoquent le corps et la peau. Cette dimension confère à l’assemblée une dimension organique et tactile.
Comme la table de massage dont le coussin est recouvert d’une carte de réflexologie qui cartographie les organes du corps humain, Textus est ce que la théoricienne féministe bell hooks aurait qualifié de « site de guérison » par contact.
Entre contact et étude, Textus évoquera sans doute à quelques-uns The Undercommons (les « souscommuns ») de Fred Moten et Sefano Harney. En considérant la « proximité monstrueuse » qui régnait historiquement dans les entreponts du commerce triangulaire, les auteurs repensent le contact et le toucher à partir de la violence exercée sur les corps des captifs. Ils soulignent le potentiel transformateur du toucher qu’ils appellent « hapticalité » (hapticality) – ou amour !
L’hapticalité c’est le toucher des sous-communs, l’intériorité du sentiment, l’intuition que ce qui est à venir est déjà là. Hapticalité, la capacité à toucher à travers les autres, la capacité des autres à toucher à travers toi, la capacité à toucher les autres qui te touchent, ce toucher de læ transporté*e (1) […]

Gaëlle Choisne est une artiste qui met la relation au centre de son art. Elle montre comment les spectres de l’histoire coloniale (dés)organisent notre monde et conditionnent les liens intimes et politiques que nous formons avec les humains, les objets ou l’environnement. La matière discursive de son travail est soutenue par des gestes affectifs et expérimentaux qui permettent le renversement des hiérarchies de savoir et des pratiques artistiques. Elle examine la dimension poétique et politique de l’amour pour mieux interroger ce qui accomplit et libère les sujets. Contre la stase et la passivité, Gaëlle Choisne célèbre le mouvement libre et le contact avec l’autre, la manipulation des objets. C’est une œuvre qui esquisse pour les spectateurs et les artistes qu’elle accueille une grammaire poétique et esthétique nouvelle de la relation et de la liberté en mouvement à laquelle ils peuvent s’essayer".
Caroline Honorien

Extrait du catalogue de l’exposition « À mains nues ».
Caroline Honorien est historienne de l’art, critique et éditrice indépendante. Membre du collectif curatorial de Keur, lieu de diffusion de travail artistique, elle fait également partie du comité éditorial du magazine The Funambulist.

(1) Traduction collective. Stefano Harney et Fred Moten, Les Sous-Communs, planification fugitive et étude noire, Brook, Paris, à paraître en février 2022.

Partenaires

« Temple of Love - Atopos » s’inscrit dans le cadre de BIENALSUR (Argentine).