Présentation

Nevermore

C’est à Paul Verlaine que nous devons ce titre mystérieux du Parcours #4 de la collection, intitulé “Nevermore”, titre emprunté à l’un de ses poèmes dont les premiers vers donnent le ton : “Souvenir, souvenir, que me veux-tu ?”... Lié au souvenir, ce nouveau Parcours raconte en partie l’histoire de la collection ; il rappelle que la mémoire est sa mission. Un jeu teinté de nostalgie, qui tisse le lien entre notre mission qui consiste à fabriquer une mémoire avec un présent relatif et incertain, avec l’histoire des œuvres. Des œuvres emblématiques de la collection (Gilles Barbier, Melik Ohanian, Christian Boltanski, Annette Messager, Claude Lévêque, Shilpa Gupta…) voisinent avec de nouvelles acquisitions (Shirley Jaffe, Djamel Tatah, Mark Brusse, Elisabeth Ballet, Renaud Auguste-Dormeuil, Claire Fontaine, Cyprien Gaillard…) – l’occasion pour le public de découvrir et redécouvrir la collection du MAC VAL. “Nevermore” propose une autre vision du monde à travers le regard des artistes !

Le propos de l’accrochage oscille entre mémoire et souvenir, sans qu’une nette frontière ne puisse être tracée entre les deux. Le parcours se déroule dans une ambiance noir et blanc, avec, par moment des touches de couleur rappelant le souvenir de l’instant, tel un flash. Très cinématographique dans sa construction, la scénographie du parcours privilégie l’approche décloisonnée des médias : peintures, sculptures, photographies, installations, vidéos se mêlent, jouant ainsi sur une approche poétique et narrative des œuvres. Aujourd’hui, pour se souvenir de l’inauguration du musée, pour fêter ce type de moments trop rares, certaines œuvres emblématiques de la collection (L’ivrogne de Gilles Barbier, The Hand de Mélik Ohanian, Les enseignes de Frank Scurti, Souvenir enroulé d’un matin bleu de Gina Pane …) sont à nouveau montrées mais également de nouvelles acquisitions sont présentées pour la toute première fois, manière de réaffirmer l’engagement du musée pris auprès des artistes. La collection s’enrichit ainsi années après années, pour dessiner un panorama de la création artistique en France, unique.

Une collection à l’image du territoire, riche, audacieuse, qui intrigue et suscite la curiosité – car pour s’approcher de l’autre, il faut être à l’écoute de ses différences. C’est en revenant aux sources de la collection et aux artistes lumino-cinétiques que cette idée est naturellement venue : la lumière comme apparition et comme trace rémanente, comme inscription, comme jeu aussi et façon de positionner l’art dans la société des années 1960. De cette approche joyeuse et décomplexée des artistes du GRAV a découlé le sujet de la mémoire, plus mélancolique, mais toujours terriblement ancré dans la vie. Mais aussi, l’invitation à Pierre Buraglio, l’un des artistes les plus fidèles et les plus aimés de la collection du musée, de participer à un featuring. Conçue comme une proposition légère, featuring est un accrochage de quelques œuvres clefs de Pierre Buraglio au sein de la collection, afin de les éclairer autrement.

La fidélité, car elle fait mémoire, est un sujet que nous essayons de creuser au musée, en suivant les artistes, dans les liaisons substantielles entre la collection et les expositions temporaires, en maintenant avec les artistes venus en résidence des projets dans le temps, en créant de nouvelles relations avec de plus jeunes artistes. Et c’est bien ce plaisir et cette chance que nous voulons proposer au public : cette rencontre hors du commun et de la normalité, hors des sentiers battus et des attendus, cette chance de rencontrer celles et ceux qui nous racontent le monde autrement, singulièrement, ceux qui interrogent le monde, renversent les certitudes et dévoilent l’envers du décor.