Pierre Ardouvin

2007
Système électrique, plastique, métal, ampoules électriques,
253 x 223 x 10 cm.
Collection MAC/VAL,
musée d’art contemporain
du Val-de-Marne.
Photo © Jacques Faujour.

Notice

Autodidacte, Pierre Ardouvin obtient, dans la première moitié des années 1990, un lieu à Montreuil qu’il autogère avec Véronique Boudier et Jean-François Guillon, et où de nombreux jeunes artistes font leurs débuts. « À l’écart », lieu actif pendant quelques années, permet à Pierre Ardouvin de préciser sa pratique.

Ses oeuvres procèdent de manière récurrente du « collage » dans le « bricolage ». C’est un artiste « sur le motif », le motif étant notre société et ce qu’elle génère. Élaguer un ridicule sapin de Noël en plastique (Élagage, 1995), affubler de ressorts une paire de chaussures « pour mieux rebondir » (1995), présenter une paire de bouquets de fleurs artificielles fanées sur des tables kitsch (Bouquets fanés, 2010), un manteau en fausse fourrure, tombé au sol et accroché à une laisse (Ne me quitte pas, 2008), ou encore, dans Love Me Tender (2001), convoquer une autotamponneuse qui s’ennuie profondément sur une piste de 4 × 3 mètres, sans même pouvoir tourner en rond sur la ritournelle éponyme.

Tout l’art de Pierre Ardouvin est dans la recomposition, le pas de côté, l’humour qui prend l’eau, la marche sur laquelle on trébuche, le plomb dans l’aile. Il nous narre, avec un vocabulaire du cheap, des matériaux de base, des structures standard, des chansons formatées, une paire de « récits autobiographiques collectifs ». Petite particularité : ses installations, ses readymades « augmentés », ses environnements sont régulièrement précédés d’aquarelles. Chaque oeuvre de Pierre Ardouvin doit être apte à déclencher des affects, des émotions grâce à sa capacité à réunir des objets connus, familiers, chargés historiquement ou sociologiquement : lino, contreplaqué, ampoule, voiture, tourne-disque, carte postale, canapé, musique. Éclair, dessiné par quarante-trois ampoules accrochées au mur, fait partie d’une série plus large et dont la réalisation a été précédée de dessins. Les ampoules produisent un flash toutes les deux secondes.

Symbole de l’éblouissement, tant éphémère que grandiose, mais également du danger instantané, l’éclair nous renvoie à une représentation d’attraction foraine et à un spectacle désagréable, voire épileptique. Il est peut-être également la métaphore de la mémoire, de ses éclats, de ses défaillances, une matérialisation du flash-back, entre trous noirs et éclair de génie, amorçant ou non le cycle de la vie.

J.B.