Interludes critiques autour d’Elisabeth Ballet

Dimanche 4 février 2018, 16h.
Interludes critiques autour d’Élisabeth Ballet : carte blanche confiée à Gaëlle Obiégly.
Avec Mehdi Belhaj Kacem, Yannick Haenel, Bertrand Schefer et Pierre Weiss.
Gratuit

« Élisabeth Ballet m’a proposé une carte blanche. Je ne sais pas pourquoi. Mais pourquoi j’ai accepté, ça je le sais. En premier lieu, ça tient à sa voix. C’est une voix grave qui, au cours d’une conversation, s’absente. Qui se replie. Puis revient, avec la même souplesse. J’ai accepté aussi parce que la carte blanche suggère un espace de liberté, sans a priori, propice au surgissement. J’ai convié des voix, des esprits, des oiseaux rares. On entendra des caractères à l’œuvre. Artiste, philosophe, écrivain, cinéaste, un peu poète, masculin et féminin en tout parmi les sculptures. On ne va pas spécialement s’exprimer sur l’art d’Élisabeth Ballet, mais avec. C’est plus vivant. »

Gaëlle Obiégly commence en 1993 à expérimenter la littérature à New York. De retour à Paris, elle apprend, à partir de 1996, le russe aux Langues O’, avec le projet de s’expatrier. Son premier roman s’écrit en marge des cours, particulièrement pendant la traduction de La mort d’Ivan Illitch de Tolstoï. Son premier livre est publié en 2000 par les éditions Gallimard-L’Arpenteur. Huit autres suivront, notamment N’être personne aux éditions Verticales. Elle est pensionnaire de la Villa Médicis en 2014. On peut déceler dans ses écrits une préoccupation constante pour la désertion, la vie à rebours, le retrait et les stratégies mises en œuvre à cette fin.

Mehdi Belhaj Kacem écrit, dès l’adolescence, son premier roman, Cancer, qui sera publié en 1994 par les éditions Tristram. La critique remarque vite cet auteur avec Vies et Morts d’Irène Lepic, description romanesque de la jeunesse prolétaire à la dérive des années quatre-vingt-dix. Il fonde en 1998 avec quelques amis artistes (la romancière Chloé Delaume, le cinéaste Adrien Smith) le collectif et la revue Evidenz, qui se propose, à l’âge du numérique et du virtuel, de remplacer les formes de la narration et de la figuration par celles du jeu. Mehdi Belhaj Kacem publie donc alors ses premiers objets théoriques, Esthétique du Chaos et Society, en 2000 et 2001. Quoique dès ses débuts reconnu pour le sérieux de son travail conceptuel par le milieu universitaire de toutes générations, il n’a jamais lui-même été universitaire et ne veut pas le devenir. Il est pensionnaire de la villa Médicis en 2015.

Yannick Haenel est écrivain. Il a fondé la revue de littérature Ligne de risque, qu’il co-dirige depuis 1997. Pensionnaire de la Villa Médicis, il a enseigné l’écriture à l’École des arts visuels de La Cambre (Bruxelles). Il publie principalement des romans, dont Tiens ferme ta couronne (2017), Les Renards pâles (2013), Jan Karski (2009) ou Cercle (2007). La plupart de ses livres sont publiés aux éditions Gallimard. Il a également réalisé un film, La Reine de Némi (30’, 2017) produit par le Studio national du Fresnoy.

Bertrand Schefer a notamment publié Cérémonie (2012), La photo au-dessus du lit (2014) et Martin (2016) aux éditions P.O.L et a réalisé plusieurs films avec Valérie Mréjen dont En ville (2011), Exercice de fascination au milieu de la foule (2012) et Enfant chéri (2017). Il a par ailleurs traduit aux éditions Allia des oeuvres inédites de Marsile Ficin, Pic de la Mirandole, Le Théâtre de la mémoire de Giulio Camillo et le Zibaldone de Giacomo Leopardi. Il a dirigé cette année les Carnets du BAL consacrés à « L’image, événement intérieur ». Son dernier film court, Trois rêves de ma jeunesse, sera présenté dans la section Generation au prochain festival de Berlin. Il a été pensionnaire de la Villa Médicis et de la Villa Kujoyama.

Pierre Weiss grandit à Vienne où il étudie la philologie et entre aux Beaux-arts. Le travail de Pierre Weiss ne se limite pas à la seule peinture mais se développe aussi dans des installations, des sculptures faites de plusieurs éléments disjoints, et dans des films. Comme l’a remarqué Catherine Millet, « rebelle aux cadres tout faits du monde de l’art, Pierre Weiss ne cesse, en revanche, de multiplier les perpendiculaires dans ses tableaux et sculptures ». L’idée, et même l’obsession, qui parcourt son œuvre est de s’extraire d’espaces contraignants. C’est ce qui motive son geste artistique depuis le début. S’il a peint, sculpté, filmé cette obsession, il ne donne la priorité à aucun de ces moyens d’expression. Son vocabulaire ne puise pas dans un seul registre.