Claire Fontaine

2008
Tubes fluorescents de couleur blanche, échafaudage métallique, détecteur de mouvement, 300 x 200 x 1 400 cm.
Collection MAC/VAL,
musée d’art contemporain
du Val-de-Marne.
Acquis avec la participation
du FRAM Île-de-France.
Photo © Jacques Faujour.

Notice

Claire Fontaine est tout à la fois le nom d’une célèbre marque de cahiers d’écolier et un hommage à Fontaine (1917) de Marcel Duchamp. C’est aussi un « artiste readymade », tel que le collectif composé de Fulvia Carnevale et de James Thornhill se définit, qui joue avec les questions de style et de signature. Claire Fontaine « pousse au milieu des ruines de la fonction auteur, en expérimentant avec des protocoles de production collectifs, des détournements, et la mise en place de divers dispositifs pour le partage de la propriété intellectuelle et de la propriété privée ».

Face à la disparition des singularités, à l’utopie commerciale, Claire Fontaine se met dans une posture d’étrangeté, en retrait de la question du style, pour se fondre dans les formes et modes de production industriels que les artistes américains conceptuels ou les tenants de l’art minimal des années 1960-1970 avaient déjà utilisés.

L’installation Please come back (K. font) est une sculpture industrielle. Elle se présente comme une enseigne lumineuse monumentale usant de la police de caractère K (créée par l’artiste) et maintenue par un échafaudage, un système d’assemblage économique fréquemment utilisé pour la signalétique. L’oeuvre joue de manière ambivalente avec le visiteur, l’invitant à se rapprocher pour déclencher le mécanisme d’allumage mais aussi à s’en écarter afin de se protéger du rayonnement agressif des néons.

Please come back sonne comme un mot d’ordre. Mais qui parle ? qui nous parle ? « L’enseigne réagit au mouvement des corps dans l’espace et son sens peut être interprété de différentes manières, de la parodie du message adressé au consommateur qui quitte un magasin au sentiment mélancolique de perte irréparable d’un moment de grâce ou de l’être aimé. » En 2008, dans une installation lumineuse du même ordre, l’artiste déclare Please God make tomorrow better, à mi-chemin entre la supplication et la requête autoritaire. Mais « il y a des mots de passe sous les mots d’ordre ».

Sous ce pseudonyme aux accents d’école buissonnière, Claire Fontaine questionne depuis 2004 les liens entre culture et consommation, l’universalisation du langage à des fins idéologiques. La taille de l’installation rend le message diffusé (« s’il te plaît, reviens ») écrasant, voire effrayant, à l’inverse de l’invitation qu’il contient. Claire Fontaine surexpose ainsi un paradoxe bien connu des publicitaires pour sa force de manipulation : la formule entre invitation sentimentale et injonction.

S.A.

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