
Ulf Peter Hallberg, né à Malmö, vit à Berlin depuis 1983. Il y a traduit Walter Benjamin et a travaillé pour le théâtre, notamment à Berlin-Est avec Heiner Müller entre 1988-1989. Sa traduction de Paris, capitale du XIXe siècle, l’a fait connaître dans les pays scandinaves et lui a valu le Grand Prix de Traduction décerné par l’Académie Suédoise en 1992. Dans ses romans Le Regard du flâneur, Grand Tour, Légendes et Mensonges, European Trash, Le Château du théâtre, L’Ombre de Strindberg et Berlin Transit, il a développé un style à la fois cosmopolite et existentiel. Pour le théâtre, il a écrit des drames, notamment La Mort de Pasolini. La Divina Multimedia Nemesis, La Nuit de l’État-Providence, Richard II et le futur, Esther et Shakespeare Cœur de Tigre. Ces dernières années, il a réalisé des adaptations de Molière : Les Femmes savantes. L’autre côté de l’amour (2019) et Don Juan. L’autre sexe (2022). Il a dirigé trois films : Nowhere Land (1993), Benjamin’s Shadow (1996) et Are You Playing Tonight (2008, 2023, Director’s Cut T-S Jensen).
Hallberg a publié des traductions de huit pièces de Shakespeare, qui sont souvent jouées en Suède. Il a traduit Schiller, Büchner, Wedekind, Brecht, Schimmelpfennig et de nombreux dramaturges contemporains. Il a rédigé la préface et l’appareil critique de la nouvelle traduction de Mademoiselle Julie de Strindberg. Les droits de son dernier roman, Le Messager du Nord (Polaris, 2023) ont été achetés par les Éditions Gallimard. L’Académie Royale des Sciences de Suède lui a décerné le Prix Letterstedt (2017) pour ses traductions de Shakespeare, et l’Académie Suédoise lui a décerné le Prix Kellgren (2019) pour l’ensemble de son œuvre. Une grande partie de son œuvre est marquée par l’art à l’aune de la notion de collection rejouant à la fois la notion du musée de l’enfance ou le musée des obsessions. La question de l’œuvre d’art qui plane dans l’ensemble de son œuvre justifie la proposition d’Ulf Peter Hallberg au MAC VAL. Il convient d’ajouter son statut de professeur associé à la Sorbonne, département des études nordiques.
Au regard des publications d’Ulf Peter Hallberg et de sa connaissance fine de Walter Benjamin, cette invitation est l’occasion de recueillir son regard sur la collection d’art contemporain du MAC VAL et d’instiller un dialogue permanent nourri d’une programmation élaborée dans le cadre de cette résidence. En effet, l’œuvre de Benjamin, sous différentes formes, est devenue une sorte de bréviaire pour les curateurs et les curatrices qui, même s’il n’est pas question au sens strict ou rarement d’expositions dans ses écrits, font référence à ses textes pour construire leur propos notamment Les thèses sur la Philosophie de l’Histoire ou encore Le livre des Passages ou Paris capitale du 19e siècle. Il n’est pas rare que la pensée de Walter Benjamin serve de base à un mode d’approche de l’œuvre d’art. Cette résidence est l’occasion d’aider à comprendre l’hyper-contemporanéité de la pensée de Benjamin et sa postérité dans les milieux artistiques et culturels. Il saura alterner des temps d’échanges autour de ses films mais aussi des master class pour présenter European Trash (un de ses romans non traduit en français) qui lie ensemble psychologie des collectionneuses et des collectionneurs et relation à l’enfance. À l’aune d’un des penseurs les plus fins du 20e siècle, l’idée est également de sensibiliser à la notion de musée, comme lieu de compréhension, d’investigation sociale, d’intelligence, d’inspiration, d’inconnu mais surtout rappeler que le musée est avant tout une expérience de la compréhension du temps, de l’entrelacs subtil entre le passé, le présent et le futur, nécessaire à toute science des relations.