Renaud Auguste-Dormeuil

Œuvre en 3 dimensions, Installation photographique
Ensemble composé de 50 tirages lambda couleurs et noir et blanc, cadres blancs
Six formats : 39 × 29 cm (4 photos), 29 × 20 cm (9 photos), 18 × 13 cm (9 photos), 17 × 12 cm (9 photos), 14 × 9 cm (9 photos), 9 × 6 cm (9 photos)
550x300 cm (avec cadre)
Six formats : 39 × 29 cm (4 photos), 29 × 20 cm (9 photos), 18 × 13 cm (9 photos), 17 × 12 cm (9 photos), 14 × 9 cm (9 photos), 9 × 6 cm (9 photos)
Pièce unique (4 ensembles uniques de 50 photos)
Signature au verso de chaque cadre

Notice

Diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts en 1995, Renaud Auguste- Dormeuil s’intéresse essentiellement aux systèmes de contrôle social et de sécurité du domaine public dans une société nomade, où la normalité est désormais d’être fiché lorsqu’on consomme, lorsqu’on se soigne, se déplace ou communique (Surveillance du voisin d’en dessous, 1996 ; Visite guidée à thème : sécurité et patrimoine, musées des Beaux-Arts d’Orléans, Bourges, Tours, Chartres, musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 1998-2001 ; Contre-Projet Panopticon, 2001 ; Hôtels des transmissions, 2003 ; Écriture nocturne, 2004…).

Les douze images dissociables de la série « The Day Before_Star System » sont des vues reconstituées par ordinateur de la voûte céleste le jour précédant un bombardement militaire délibéré sur des populations civiles : Guernica (26 avril 1937), Londres (7 septembre 1940), Coventry (14 novembre 1940), Caen (6 juin 1944), Dresde (13 février 1945), Hiroshima (6 août 1945), Nagasaki (9 août 1945), Hanoi (18 décembre 1972), Halabja (16 mars 1988), Bagdad (16 janvier 1991), New York (11 septembre 2001) et de nouveau Bagdad (19 mars 2003). Avec ces cartes du ciel au format IGN, échos des antiques pratiques oraculaires et autres phénomènes populaires « astrologiques », Renaud Auguste-Dormeuil s’attache à la fabrication d’images qui nouent construction du territoire, obsession sécuritaire, fatum, mémoire médiatique et réalité historique.

Le titre de chaque œuvre indique le lieu, l’année, le jour et la minute précédant l’entrée du Jour J dans la grande Histoire. Le MAC/VAL a acquis trois images de la série, dont deux renvoient directement à la Seconde Guerre mondiale et plus précisément au Blitz, la campagne de bombardement du Royaume-Uni par la Luftwaffe.

Entre le 7 septembre 1940 et le 21 mai 1941, l’aviation nazie touche principalement Londres (The Day Before_Star System_London_September 6, 1940_23 :59), Coventry (The Day Before_Star System_Coventry_November 13, 1940_23 :59), Plymouth, Birmingham et Liverpool. L’armée de l’air allemande nomme le raid sur Coventry, le plus violent, Mondscheinsonate (« sonate au clair de lune »), faisant référence à la pleine lune de cette nuitlà. Cet événement donnera même naissance à une expression (de la propagande allemande) désignant la technique utilisée par la Luftwaffe pour détruire « totalement » une ville ennemie : la coventrisation. La troisième vue céleste de la collection du MAC/VAL (The Day Before_Star System_ Halabja_March 15, 1988_23 :59) fait référence au massacre de la population kurde à l’arme chimique dans la ville d’Halabja, au nord de l’Irak, perpétré par ordre d’Ali Hassan al-Majid (dit « Le Chimique »), pour l’armée irakienne et le régime baassiste. 182 000 personnes disparaissent et 90 % des villages kurdes sont détruits. Toutes ces images suggèrent la guerre sans jamais la montrer, toutes évoquent la disparition de millions de corps sans jamais en montrer un seul.

Le corps tient une place particulière dans l’œuvre de Renaud Auguste-Dormeuil : il en est quasi absent. C’est d’ailleurs l’objet de l’installation photographique Fin de représentation, qui s’inspire de l’histoire d’une jeune femme de l’ex- Allemagne de l’Ouest qui, dans les années 1970, entra dans la clandestinité pour pouvoir s’enrôler dans la lutte armée terroriste.

Elle fit disparaître toutes les représentations de sa personne afin que les services de police ne puissent jamais l’identifier. Renaud Auguste-Dormeuil a décidé de reproduire cette disparition symbolique et iconographique en proposant à une femme (Sandrine B.), âgée de vingt-six ans, d’effacer (avec son accord) toute trace photographique ou vidéo existante d’elle, de sa naissance au jour de représentation du projet, de manière à ne plus pouvoir l’« identifier ». Ne restent plus que les silhouettes noires ajoutées sur les documents retrouvés, une série de photographies maculées d’un noir profond.

Encore une fois, Renaud Auguste-Dormeuil tente de déjouer l’omnipotence du phénomène de surveillance dans nos sociétés modernes, théorisant le pouvoir du regard et la maîtrise de l’espace visuel comme formes essentielles du contrôle. En postulant, à l’instar de Jeremy Bentham, que voir, contrôler, c’est maîtriser, l’artiste parvient à une contre-proposition efficiente. « Si l’on trouvait un moyen de se rendre maître de tout ce qui peut arriver à un certain nombre d’hommes, de disposer tout ce qui les environne de manière à opérer sur eux l’impression que l’on veut produire, de s’assurer de leurs actions, de leurs liaisons, de toutes les circonstances de leur vie […], on ne peut pas douter qu’un moyen de cette espèce ne fût un instrument très énergique et très utile que les gouvernements pourraient appliquer. »

J.B.

The day before star system Écouter ou télécharger l’intégralité de l’audioguide du parcours#4

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