Session 1 – Juste une affaire de décor ?
En 2021, l’historienne de l’art Marine Kisiel publie son ouvrage intitulé « La peinture impressionniste et la décoration » qui révèle comment les impressionnistes échouent à faire de la décoration un débouché pour leur travail. Leurs premiers clients sont leurs amis et ils peignent dans des contextes bien précis tenant compte des dessus de porte, des trumeaux. L’arrivée d’une nouvelle classe de collectionneurs issus de la bourgeoisie les orientera dans le choix des formats. Les œuvres, de petites ou moyennes dimensions seront désormais dissociées du mur pour mieux transiter d’un appartement à l’autre, au gré des déménagements de leurs propriétaires.
Mardi 20 septembre 2022, 18h
« Le décor dans l’art » (volet 1)
Aux EMA
Avant d’être une œuvre autonome, l’art a souvent dû négocier avec son support : le mur. De l’art pariétal, aux fresques Renaissance, aux grands lambris du 18e siècle, en passant par les mosaïques byzantines, cet attachement au support impose ses contraintes (format, technique, dispositif). Même au 19e siècle, l’art impressionniste (Auguste Renoir, Camille Pissarro, Gustave Caillebotte, Mary Cassatt…) que l’on pensait plutôt attiré par des formats adaptés à la nouvelle bourgeoisie, faciles à transporter, nourrit un lien très fort avec le décoratif qui aura son point d’acmé avec les Nymphéas de Claude Monet, si inspirants ensuite pour Joan Mitchell à Ellsworth Kelly.
Mardi 4 octobre 2022, 18h
« Le décor dans l’art » (volet 2)
Aux EMA
Certains artistes du XIXe siècle dont Puvis de Chavanne se sont faits les partisans d’une peinture décorative. Dans la mouvance du mouvement anglais Arts & Craft, les « nabis » (Bonnard, Vuillard, Vallotton) explorent la dimension décorative de l’art multipliant les panneaux, les paravents, les meubles et éventails dans le goût japonais de ces années 1880-90. Avec la publication de l’ouvrage de Adolf Loos « Ornement et crime » en 1908, le modernisme acquiert sa réputation de mouvement anti-décoratif. Mais c’est occulter les pratiques plus artisanales revendiquées par les artistes Sophie Taueber-Arp et Sonia Delaunay.
Samedi 8 octobre 2022, 14h30
Rencontre avec Nicolas Chardon et Karina Bisch et leurs « peintures à vivre »
Au MAC VAL
Karina Bisch et Nicolas Chardon développent chacun un travail pictural singulier qui s’inscrit dans la suite des projets utopiques des avant-gardes historiques du début du 20e siècle (Bauhaus, Futurisme, Suprématisme, De Stilj, Dada…). Ils pratiquent une « peinture à vivre » savante et burlesque à la fois. L’exposition « Modern Lovers » au MAC VAL propose une immense « machine à habiter », réunissant œuvres personnelles et communes dans une scénographie originale entre écrin, maquette et décor abolissant la frontière entre l’art et la vie.
Mardi 8 novembre 2022, 18h
« Le décor dans l’art » (volet 3)
Aux EMA
Aujourd’hui encore, le décoratif soulève l’ambiguïté du statut des œuvres : entre « meubles meublants » (les meubles destinés à l’usage et à l’ornement des appartements, comme tapisseries, lits, sièges, glaces, pendules, tables, porcelaines et autres objets de cette nature) et œuvres d’art. Dès lors quelle place offrir aux décorations de Kandinsky aux meubles de Diego Giacometti, frère de Alberto ? Nous ferons aussi une incursion dans quelques maisons d’artistes contemporains tels que l’appartement de Donald Judd à New York, les A-Z Wagons de Andrea Zittel en Californie ou la maison de Pedro Reyes au Mexique.
Mardi 22 novembre 2022, 18h
« La maison, vaste projet artistique »
Aux EMA
Dans un vaste projet esthétique et artistique, l’écrivain Victor Hugo conçoit chaque détail de sa maison de Guernesey, Hauteville House acquise en 1856. Le peintre Gustave Moreau qui a souffert du milieu littéraire auquel il voulait appartenir investit la demeure familiale pour y créer son musée-atelier, première galerie monographique permanente et maison d’artiste en France comparable à l’initiative de Sir John Soane à Londres. Ces projets notables ont permis au plasticien Marc Camille Chaimowicz de repenser l’activité artistique dans un lien étroit avec son espace à vivre. En 2014, Lucy McKenzie est devenue propriétaire de De Ooievaar (Villa Stork), édifice moderniste construit à Ostende en 1935 par l’architecte belge Jozef De Bruycker. L’artiste y a engagé un projet de restauration ambitieux, soutenu par l’intention d’en faire un lieu d’expérimentations qui lui permette d’unir ses diverses pratiques : arts décoratifs et appliqués, projets collaboratifs et appropriation. La Villa est réhabilitée dans le respect des matériaux et du design d’origine, auxquels sont intégrées de subtiles modifications qui peu à peu transforment ce lieu en une maison « appropriée par une artiste ».
Samedi 10 décembre 2022, 14h30
« Courts sur l’art »
Au MAC VAL
Une programmation proposée par Tous les Docs, structure de diffusion de films sur l’art
— Du fil à la trame de Julien Devaux
85 minutes, France-Mexique, 2022
Paris, manufacture des Gobelins. Le réalisateur a carte blanche pour filmer l’antre d’un savoir-faire traditionnel, la tapisserie en haute lice. Dans ce laboratoire de création s’invente un dialogue prolixe entre le tissage et l’art contemporain. Mexico, l’atelier Los Gobelinos. Loin du prestige du Mobilier National, l’atelier mexicain révèle aussi cette dynamique permanente entre l’art et l’artisanat, la rigueur de la gestuelle toujours questionnée par l’enjeu créatif de l’œuvre à venir. D’une culture à l’autre, le clivage art et décor ou art et artisanat, s’évapore à mesure que nous cheminons sur cette frontière invisible.
En présence du réalisateur
Mardi 10 janvier 2023, 18h
« L’œuvre et son mur »
Aux EMA
Avec son « arrangement en gris », Whistler affirme d’emblée la dimension décorative de sa peinture à l’encadrement particulièrement choisi. L’acte de peindre s’étend peu à peu au-delà de la surface picturale comme dans le petit tableau de Kandinksy Jüngster Tag (Le Jugement dernier), 1912 où cadre et tableau se confondent. Avec les premiers wall paintings de Sol LeWitt (1928-2007) en 1968, les dessins muraux sont produits sur site, dans un contexte donné, suivant à la lettre les plans et les indications précises de construction laissées par l’artiste aux techniciens chargés de la réalisation de l’œuvre. Sol LeWitt distinguait très clairement la conception de la fabrication. Une fois l’exposition achevée, le dessin est effacé. Et son protocole écrit remisé au tiroir dans l’attente d’une prochaine activation. La possibilité de pouvoir rejouer une œuvre plusieurs fois dans différents lieux a été explorée par des artistes photographes comme Geert Goiris ou encore Constance Nouvel. Parfois la photographie fait tellement corps avec l’espace qu’elle crée un effet saisissant. Citons l’autoportrait convexe de Charles Ray, Yes fait sous LSD en 1990.
Samedi 21 janvier 2023, 14h30
Visite d’ateliers d’artistes – POUSH Manifesto à Aubervilliers
Rendez-vous sur place
POUSH est un lieu innovant dédié à la création contemporaine. Ouvert en mars 2020, POUSH a progressivement accueilli plus de 220 artistes sur 9 étages d’une ancienne tour de bureaux vacants Porte Pouchet à Clichy. Depuis avril 2022, POUSH poursuit son aventure à Aubervilliers, avec l’ambition d’y développer un quartier créatif et culturel. Dans les bâtiments années 20 de l’ancienne parfumerie L.T Piver appartenant à la Société de la tour Eiffel, POUSH rassemble, sur ce campus industriel de 20 000m², une sélection de 160 artistes confirmés ou émergents, multipliant entre eux collaborations envies et projets. Les artistes bénéficient d’ateliers de travail ainsi que d’un programme d’accompagnement artistique, de production et d’un soutien administratif et de communication.