Fred Frith. Photo © Heike Liss

Festival Sons d’hiver, avec Fred Frith « Composer pour l’image »

Dimanche 19 janvier 2020, à partir de 15h, après-midi en trois parties

—  Projection de « Leaning into the wind », documentaire de Thomas Riedelsheimer sur Andy Goldsworthy, Bande originale Fred Frith
(durée : 1 h 30)

—  « Composer pour l’image », rencontre-conférence avec Fred Frith
(durée : 1 h)

—  « Drawing Sound », performance musicale et dessinée de Fred Frith et Heike Liss
(durée : 50 min)

Guitariste électrique et expérimentateur, pionnier musical incontournable, Fred Frith affûte d’abord son propre univers sonore en fondant « Henry Cow », groupe mythique anglais où le rock se confond avec la musique contemporaine. Depuis son arrivée à New York en 1978, Frith travaille au croisement du cinéma, de la danse, du théâtre et des arts plastiques.
Il explore les liens entre l’improvisation et les images, s’amusant des structures en musique comme d’autres jouent du montage au cinéma. Il travaille selon ce procédé avec Thomas Riedelsheimer en 2018 sur le film Leaning into the Wind, dédié à l’artiste du Land Art, Andy Goldsworthy. Face aux images, le flot de sa création, préparé, pensé, composé, fait incessamment face à l’urgence provoquée par les images en mouvement.
Fred Frith met en jeu son rapport à l’image cinéma et au mouvement aux cotés de l’artiste Heike Liss, improvisatrice d’images sonores. Dans la performance « Drawing Sound », Liss trace ce qui pourrait être une forme concrète du paysage sonore inventé par Frith, mu à son tour par le mouvement d’exécution de la plasticienne.

Imaginez deux pôles magnétiques. L’image et le son. Que (se) passe-t-il de l’un à l’autre, quels courants d’énergie circulent ? Fred Frith se demande depuis toujours ce qu’il se passe entre les polarités d’une musique qui s’improvise face aux images et d’une musique qui se compose à partir du montage final : « Quel est le monde sonore de base que nous souhaitons habiter ? Quel est le rapport entre la musique et la conception sonore globale ? C’est quoi, le minimum que je pourrais faire ? » Et il est bien placé pour le savoir, puisqu’il a contribué aux soundtracks de nombreux films : Rivers and Tides ou Touch the Sound de Thomas Riedelsheimer, The Tango Lesson ou Yes and The Party de Sally Potter, Zen for Nothing de Werner Penzel, Gods, Gambling and LSD de Peter Mettler et Last Day of Freedom de Nomi Talisman et Dee Hibbert-Jones, qui ont remporté plusieurs prix (et des Oscars). Ainsi que pour deux films sur le travail d’Anna Halprin. Il a d’ailleurs lui-même fait l’objet d’un documentaire, Step Across the Border de Nicolas Humbert et Werner Penzel, considéré par les Cahiers du Cinéma comme l’un des cent films les plus influents du 20e siècle. Une expérience qu’il a transformée en réflexion permanente dans le cadre de ses enseignements. Depuis quelques années, Fred Frith donne des cours à l’épicentre de la musique expérimentale nord-américaine, le Mills College à Oakland, en Californie mais aussi dans le programme de maîtrise en improvisation à la Musik Akademie de Bâle, en Suisse, et comme professeur invité à l’Universidad Austral de Valdivia, au Chili, où il a d’ailleurs contribué à la création d’une nouvelle école de musique et d’art sonore. D’où l’idée de l’inviter pour un après-midi à multiples facettes, avec d’abord la projection de Leaning Into the Wind de Thomas Riedelsheimer, dont Fred Frith a évidemment composé la bande-son. Il s’agit d’un documentaire sur Andy Goldsworthy, l’artiste-phare du land art, d’un art fait naturellement, en pleine nature et avec elle, un art éphémère se servant de l’environnement, de l’eau, de la glace, du bois ou de pierres, et qui se dégrade sous l’effet de ces mêmes forces. Thomas Riedelsheimer a décrit sa méthode de travail avec Fred Frith : « En gros, nous visionnons le premier montage ensemble, nous parlons des grandes idées. Puis il s’éclipse et va composer sa musique. Nous nous rencontrons à nouveau quelques semaines plus tard et on enregistre. C’est un moment fascinant parce que Fred garde une idée très précise de ce qu’il veut tout en ayant un talent exceptionnel pour l’improvisation. Il apporte des modifications sur place, tout en restant dans le flot créatif. Moi, je reste assis là, bouche bée, et je savoure ce qui se passe. » S’ensuivra un débat public et éclairant avec Fred Frith, sur ce thème de « Composer pour l’image ». Et pour terminer en beautés sonores et visuelles, une performance musicale et dessinée entre le musicien et sa femme, la photographe et plasticienne Heike Liss, sera proposée. Un duo entre la guitare triturée de l’Anglais, avec ses bribes de mélodies recueillies ou ébauchées, travaillant l’harmonie et la disharmonie comme de toujours possibles ententes, chaque bruit étant donné sur parole, nous restituant un univers habité. Et les photographies et les graphies de Heike Liss qui travaillent en parallèle la proximité du monde et des êtres et leurs incongruités, s’insérant dans un univers à la fois différent et familier. Celui de Fred Frith aussi, depuis toujours.

En coréalisation avec le théâtre Jean-Vilar, le MAC VAL et le festival Sons d’hiver.