Une histoire de l’art contemporain en France, 1950-1990 et un peu au-delà
Sous le signe de Gérard Genette et de son ouvrage Palimpsestes. La littérature au second degré (1982), cette nouvelle exposition de la collection a souhaité répondre à une demande : l’envie de revoir ou même de retrouver des œuvres des collections permanentes qui, pour nombre d’entre elles, n’avaient pas été montrées depuis l’ouverture du musée en 2005. Il est rapidement apparu qu’il était possible d’écrire, selon une unité de temps et de lieu, une sorte d’histoire de l’art contemporain en France. Bien sûr les artistes qui ont participé de cette histoire ne sont pas forcément conservés au MAC VAL, toutefois les principaux s’y retrouvent et peuvent donner, par conséquent, une vue assez juste d’une histoire de l’art contemporain en France. Entre la première œuvre de ce parcours et la dernière, « L’œil vérité » éclaire la naissance d’une distinction entre art moderne et contemporain et ses ambivalences, celle-ci ne s’est pas faite immédiatement contrairement à ce que les historiennes et les historiens de l’art ont pu dire en avançant la date un peu trop commode de 1945. _ Cette nouvelle présentation est aussi le récit d’une distinction et d’une construction critique et historienne. Il s’avère, qu’en suivant les mouvements, cet accrochage relate les maints débats qui ont servi pour établir des signes distinctifs entre moderne et contemporain. Certes, ils sont contestables et parfois presque interchangeables, ils ont toutefois le mérite d’établir des repères. Ce nouvel opus offre une réflexion sur le passage entre un art moderne, traditionnellement défini en rupture et un art contemporain qui ne se satisfait pas simplement de ce prérequis. Ce n’est donc plus simplement des notions historiques ou chronologiques mais une nouvelle relation aux problématiques. Il est important de noter que les œuvres semblent aussi transformer le public qui n’aura plus (ou de moins en moins) un rôle de consommation passive face à un récit trop bien ficelé. Le second degré indique clairement les limites d’un tel exercice et aussi ses bénéfices en terme de récit. Aussi a-t-il été question de solliciter l’œil à la manière de l’exposition mythique Responsive eye (1965) ou encore plus proche de L’œil moteur (2005).
Plutôt que de structurer l’accrochage des collections en donnant le nom des mouvements, l’œil a été choisi comme dénominateur commun, autant d’yeux que Philippe Costamagna n’a pas hésité à passer au pluriel dans son Histoire d’œils (2016) pour rappeler l’importance du flair et de la sensibilité. C’est aussi au mode d’approche tel que Maurice-Merleau-Ponty a pu le définir dans L’œil et l’esprit (1964) mêlant phénoménologie et perception, visible et sensible que ce premier opus de la collection fait allusion. Il joue et rompt à la fois avec certaines règles du regard et de la hauteur de vue et tente de prendre la vision sur le fait.