Hugues Reip

2009-2010
Théâtre d’ombres
composé de 3 carrousels,
3 écrans de rétroprojection
et 30 silhouettes en PVC
blanc,
Dimensions variables.
Collection MAC/VAL,
musée d’art contemporain
du Val-de-Marne.
Photo © Jacques Faujour.

Notice

Le monde d’Hugues Reip est un monde d’images. Fait d’images mouvantes et d’images en mouvement, d’arrêts sur image et d’images arrêtées. Science-fiction d’anticipation (de Jules Verne aux séries Z), cinéma (de Georges Méliès aux cartoons, en passant par les premiers films expérimentaux ou les films d’animation « old school »), histoire de l’art (de Giorgione aux graffitis collectés sur les tables d’école), Reip fait feu de tout bois. Il collecte, compile, assemble. Installations, sculptures, films, tout, chez lui, procède de la pratique du dessin.

Élaborées avec une grande économie de moyens – bouts de ficelle et cartons découpés – et une apparente simplicité, ses œuvres font montre d’une méticuleuse légèreté. Elles balisent un territoire fantastique, entre univers enfantin et énergie rock’n’roll. On pourrait dire qu’Hugues Reip se livre à une déconstruction des mécanismes du spectacle sans tomber dans l’écueil du spectaculaire.

L’œuvre White Spirit (Black Soul) est exemplaire de cette dynamique. Les ombres de silhouettes découpées fichées sur trois plateaux tournants se projettent sur trois écrans tendus. Des personnages fantastiques, matérialisation des esprits nocturnes, se livrent à une parade féerique et carnavalesque ininterrompue. Produite pour le préau du jardin du Luxembourg pour l’édition 2009 de la Nuit Blanche, et adaptée pour les salles du MAC/VAL, White Spirit (Black Soul) propose une relecture du mythe platonicien de la caverne mâtiné de danse macabre dans la grande tradition médiévale. Avec cette lanterne magique, Reip livre une méditation onirique, en noir et blanc, sur la nature pour le moins illusoire, cyclique et éphémère des choses. Dans ce théâtre d’ombres, rien n’est caché.

Le dispositif technique est à vue et participe du spectacle même, à l’instar des machineries du théâtre de l’époque baroque. Pas de mystère dans l’élaboration de cette frise mouvante. L’illusionnisme cède le pas à la fabrique de l’illusion, laissant ainsi à chacun la liberté de s’abîmer dans la contemplation rêveuse du défilé immatériel, ou bien d’en détailler les rouages ou encore d’embrasser l’installation dans sa globalité.

F.L.

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