2012
Bois (padouk)
Commande publique du Conseil général du Val-de-Marne
Cartel
« Les blessures des ancêtres font saigner les enfants. » Cette phrase
de Thierry Fontaine est inscrite sur des panneaux de padouk.
Les mots y sont gravés par brûlure, le bois est marqué au fer rouge.
Cette pièce de Thierry Fontaine semble rappeler aussi bien le tableau
noir des écoliers que les panneaux publicitaires des médias de masse.
L’appareillage de ces pièces de bois venues du Cameroun est identique
à celui des parquets du château de Versailles, rappelant ainsi à notre
mémoire qu’au XVIIe siècle, Louis XIV augmenta la traite d’esclaves
et le commerce triangulaire pour assurer la construction de son palais.
Thèmes centraux du travail de Thierry Fontaine, la figure du cri et
la force des mots rejoignent ici l’hommage rendu par l’artiste à Aimée
Césaire (1913-2008), professeur, poète et homme politique martiniquais,
fondateur du mouvement littéraire de la négritude et figure
incontournable de l’anticolonialisme. Tout au long de sa vie, Aimé
Césaire n’a cessé de lutter par les mots contre l’oubli, libérant par
sa poésie la pensée et la parole. « J’habite une blessure sacrée,
j’habite des ancêtres imaginaires, j’habite un vouloir obscur,
j’habite un long silence » (Moi, laminaire, 1982).