Bernard Moninot

Poussière de cuivre rouge fixée sur verres préparés,
220 x 35 cm (deux éléments) et 200 x 25 cm (deux éléments).

Notice

Dès le début des années 1980, Bernard Moninot commence à travailler sur des verres préparés. Il ne dessine pas directement sur le verre, mais s’inspire « de la technique du tracé au cordeau enduit de pigments bleus qu’utilisent les maçons pour leurs mises à niveau ». Il dessine ainsi sur un carton enduit où il fixe une matière poussiéreuse (acier, cuivre ou graphite). Ce carton est ensuite placé contre le verre et un coup de marteau permet de fixer instantanément l’ensemble du dessin. Ce travail sur le verre et sa transparence fait référence au Grand Verre de Marcel Duchamp (1915-1923) qui veut « faire un tableau par ombres portées » et à son élevage de poussière réalisé avec Man Ray (1920).

Les Tours de cuivre sont constituées de quatre plaques de verre posées au sol un peu en avant du mur et appuyées contre celui-ci. Un dessin en poudre de cuivre est lisible en transparence. Les formes géométriques des tours s’inscrivent dans la monumentalité verticale des plaques de verre. La couleur rouge-orangé du cuivre évoque la technique du dessin à la sanguine. La technique du dessin appliqué en un instant sur le verre entraîne une propagation des grains de cuivre hors du trait « décoché » et provoque des nuages de poussière à certains endroits. La fragilité et l’aspect aérien de la poussière de cuivre sur le verre contrastent avec le motif évoquant quatre grandes tours de notre environnement urbain. Ces constructions font penser à des immeubles, mais aussi à des pilônes électriques, éléments industriels de nos paysages modernes. L’artiste dessine des architectures dans l’espace mais les tours « n’ont pas de fondation, elles ne sont qu’une verticalité qui mène vers un espace hypothétique ».

V. D.-L.