Huile sur toile, quadriptyque, 73 x 92 cm (chacun).
Acquis avec la participation du Fram Île-de-France.
Courtesy in Situ – Fabienne Leclerc, Paris.
© photo Jacques Faujour.
Notice
Un couple flirte dans la verdure. Quatre toiles forment ce polyptyque intitulé Love Story n° 2, comme les croquis d’un story-board ou quatre prises de vue faites à la volée.
On s’interroge sur le récit qui accompagne cette œuvre. Une petite histoire semble se dérouler sous nos yeux : ce couple est peut-être dans un jardin, dans la nature ? Face à l’homme agenouillé, la femme assise passe la main entre ses jambes ; l’homme s’étend ensuite sur sa compagne, allongée sur le dos, les jambes légèrement ouvertes ; puis les attitudes s’inversent et l’homme tient la femme contre lui, dans ses bras ; enfin on discerne le visage de l’homme, pensif et lointain, tandis que sa compagne reste allongée à ses côtés.
La rapidité d’exécution de l’œuvre est manifeste, lisible sur la couche picturale peu épaisse, raclée et parfois lacunaire. La verdure qui environne le couple est tracée à grands coups de pinceau et la peinture, très liquide, a même coulé sur lui.
Resserrée sur l’homme et la femme, la composition est cadrée à la manière d’une scène filmée. Le spectateur semble devenir le voyeur qui s’invite à contempler l’intimité d’autrui.
Les scènes se mêlent, fluides comme des présences intemporelles. « Une œuvre est le lieu d’existence du présent et le présent d’une œuvre est comme un accord plaqué. Un accord musical est composé de plusieurs notes dans une durée égale. C’est peut-être une image à appliquer aux polyptyques. Des présents compatibles. Le présent perceptible comme un point, non pas un point qui se déplace sur l’échelle d’une durée mais un point où se croisent différentes strates, différentes couches temporelles » (Bruno Perramant).
Une même source d’inspiration est à l’origine de Sun n° 4 (2004, galerie in situ Fabienne Leclerc), où l’homme et la femme, dans une composition proche de la troisième toile de ce polyptyque, paraissent tendrement profiter de l’instant. Un motif de soleil stylisé ainsi que l’inscription « sun », au centre, irradient et rajoutent encore à la sérénité de la scène amoureuse. Ici encore on perçoit le plaisir de l’artiste, tant dans l’acte de peindre que dans le choix de ses sujets, le flirt, l’amour, le moment sensuel partagé dans la verdure accueillante, jusqu’à entendre l’écho contemporain du Déjeuner sur l’herbe (1863, musée d’Orsay) d’Édouard Manet.
I.L.