The Lovers

Au premier regard, The Lovers évoque une fusion des époques et des styles entre gothique, baroque et ultracontemporain. Étendus, des squelettes s’enlacent en une étreinte physique, sexuelle mais paradoxalement non charnelle, unis symboliquement par un fin réseau de chaînettes dorées. Les ossements reposent sur un socle faisant office à la fois de couche nuptiale et de sépulture, dans la lignée formelle des sculptures de gisants et de tombeaux. Dans cet étrange reliquaire d’amour, les matériaux lisses et précieux se mêlent à des poils ou des cheveux proliférant comme une vilaine moisissure. Croisant le minéral et l’organique, le durable et le corruptible, David Altmejd compose par hybridation une vanité sur le thème de l’éternité des sentiments.

La sculpture Love se développe également en réseau, comme une dentelle en trois dimensions. Les entrelacs fins créent par enchevêtrement une masse à la fois monumentale et légère, aux accents anthropomorphes. Détail discret et érotique, des zones colorées semblent être des points chauds dans ces organismes, des zones de contact très étroit, de pénétration. Évoquant les études anatomiques et scientifiques des systèmes de circulation des flux du corps, l’œuvre matérialise, en une dynamique tourbillonnante, le transfert d’une intense énergie entre deux corps. Les vertiges de l’amour mais aussi des impressions de vie, des palpitations, des mouvements de décomposition et de composition se trouvent, un peu comme par magie, cristallisés au coeur des œuvres labyrinthiques de David Altmejd.

M.G.

David Altmejd

2004
Plâtre, résine, peinture, cheveux synthétiques, bijoux, paillettes, bois, système d’éclairage, plexiglas, miroir, 114,3 x 228,6 x 137,16 cm. Prêt de l’artiste. Avec l’aimable autorisation d’Andrea Rosen Gallery, New York.
© Photo Oren Slor