Un Sujet autonome, affranchi de ses limites physiques, porté par un progrès inexorable, devenu maître et possesseur de la nature : tel est le mythe dont la voiture est le symbole. Soit un récit épique, individualiste et « Pétromasculiniste » (selon Cara New Dagget) -de ceux qui soutiennent des modes de production, des rapports de domination et d’exploitation à l’origine de la destruction de nos écosystèmes.
C’est cet héritage moderne qu’aborde l’exposition “Humain Autonome : Déroutes” en mettant en regard les imaginaires et les réalités de la civilisation du moteur. Objet de fétichisme, l’automobile est ici réinscrite dans les systèmes énergétiques, l’organisation du travail, les enjeux géopolitiques, les érotiques et les contre-cultures qu’elle implique – ceux du « Capital fossile », selon Andreas Malm, qui ne cesse de se survivre à lui-même.
De générations différentes, issu es de la scène française et internationale, les artistes de cette exposition engagent une autre conception de l’autonomie humaine : comprise non pas comme indépendance à l’égard de toute extériorité, mais comme capacité à réfléchir nos propres déterminations et interdépendances. Une autonomie située par rapport à un ordre social et symbolique qu’il s’agit de déconstruire.
Ouvrant la voie à d’autres lignes d’horizons, d’autres points de fuite, leurs œuvres se font tactiques de bifurcation et de déviation pour renverser, redéfinir les logiques économiques et les systèmes de valeurs dominants : l’exploitation des corps et des sols, la surproduction, l’extractivisme, les conquêtes coloniales, la vitesse, la puissance, le progrès…
Composée de dizaines de milliers de pièces, une voiture est à la fois un monde en soi, un objet banal du quotidien et une icône du progrès technique au XXe siècle. _ Si celle-ci doit son développement à une promesse initiale - celle de pouvoir se déplacer plus vite et plus loin en offrant une autonomie individuelle jusque-là inédite -, il s’agit ici de porter notre regard sur les émancipations et les asservissements produits par la culture du moteur.
Dessinant des récits alternatifs, l’exposition génère des propositions ouvertes, parfois paradoxales.
Commissariat général Nicolas Surlapierre
Commissariat Marianne Derrien, Sarah Ihler-Meyer et Salim Santa Lucia
Commissariat associé Frank Lamy
« Humain autonome : Accrochage »
En résonance avec cette exposition « Humain autonome : Accrochage » présente une sélection d’œuvres de la collection du MAC VAL avec Carole Benzaken, Élisabeth Ballet, Éric Dubuc, Éric Hattan, ERRÓ, Étienne Bossut, Jean Dewasne, Michel de Broin, NØNE FUTBOL CLUB, Peter Klasen, Peter Stämpfli, Pierre Ardouvin, Pierre Buraglio, Raymond Hains et Véronique Boudier.
Commissariat Frank Lamy