Le mot du Conservateur en chef

« Avec et sans peinture »

Nouvelle exposition des œuvres de la collection

Dans cette nouvelle exposition des œuvres de la collection, sixième accrochage depuis l’ouverture du musée en 2005, il est aujourd’hui question de peinture, de sa présence, de son absence, comment faire avec et sans elle. Ses multiples possibles, son sens, sa remise en cause, son abolition, les solutions pour son remplacement, il est, il sera toujours question d’elle.

Pour cette nouvelle exposition de la collection, nous avons choisi de revenir à son origine de la collection, à son essence picturale, et à ses nombreux développements actuels que nous avons la chance de pouvoir suivre et faire entrer dans le domaine public.
À nouveau enseignée, émancipée de son histoire, en accord aujourd’hui avec les nouvelles et autres pratiques, enrichie de celles-ci, la peinture demeure et (re)devient une expression artistique, un regard sur le monde, un langage résolument moderne. Comme pour l’ensemble des cinq précédents accrochages, le parcours mêle ces différentes générations d’artistes qui chacune à sa façon explore, questionne, attaque, ressuscite, renouvelle le genre, avec et sans peinture. Pour toujours mieux l’envisager.
Les œuvres sont réunies dans l’espace muséographique en ensembles thématiques, qui permettent de tracer de grandes lignes d’une histoire de l’art encore fraîche.

Le parcours commence avec les questions de vocabulaire de formes et de couleurs, sujets qui cristallisent l’histoire de la peinture moderne. Suit la mise en question de la matérialité de la peinture, de sa surface comme de ses moyens, pour ensuite envisager le feu comme élément tant de destruction que de création. La surface même de la peinture, comme ses supports sont questionnés tout au long du parcours : la peinture support de couleur mais aussi de fiction et d’imaginaire.
Il est aussi question de récits et de narration, de rêve et de réalité, celle que l’on ne souhaite pas voir, celle au-delà de l’écran du réel.
Le mystère de la chimie des matériaux permet de terminer le parcours sur une note de magie, l’alchimie présidant, avec l’aide éventuelle du hasard, à la genèse de l’œuvre et son devenir. Les œuvres dressent cette cartographie des possibles et la rencontre de la matière et des éléments.

Cet accrochage crée des liens également entre les formes artistiques, ne s’arrêtant pas à la deuxième dimension mais intégrant l’installation, la sculpture, la vidéo et la photographie, révélant ainsi la porosité et les dialogues fructueux qui se nouent, grâce à des artistes pour lesquels la question du genre n’est plus signifiante.
Il est surtout et avant tout question du monde d’aujourd’hui, auquel la peinture tend un miroir qui l’interroge, dans le reflet déformé qu’elle constitue par essence.

Alexia Fabre

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