Acrylique sur toile,
215 x 310 cm.
Notice
Carole Benzaken est peintre aujourd’hui. Son art s’articule autour de l’image et de sa transposition. L’artiste aime les images et les collecte, comme substrat de son œuvre. Peu importe le sujet, ou presque, car c’est la question du passage que l’artiste explore. Elle choisit des motifs qu’elle considère cheap : les tulipes au début des années 1990, les photographies de sport ensuite, puis, en 1997, les funérailles de lady Diana. Elle s’inspire d’une image sélectionnée, souvent de très petite taille, puis la peint, l’heure venue, sur une toile de grand format.
Pour By Night, l’artiste a filmé à travers l’écran du pare-brise de sa voiture alors qu’elle conduisait, à Los Angeles, le crépuscule, la lumière changeante et ce qui lui faisait face sur la route : l’arrière d’une voiture, ses feux de nuit, l’ombre de bâtiments bas et d’un palmier, la signalétique urbaine, la lumière artificielle. La nuit tombe et l’environnement s’éclaire d’une vie persistante : le sombre des noirs mats tranche avec la lumière, très blanche et satinée à sa source, colorée et flamboyante sur les pourtours.
D’Andy Warhol à Gerhard Richter, l’image photographique est un motif de la peinture contemporaine. Ici, ce n’est pas ni une représentation ni une copie d’image, mais l’illustration d’un passage, d’un « transport amoureux ». D’une technique numérique à la peinture, sensuelle et tactile, d’un petit format à une grande toile travaillée énergiquement au sol, plus tard, à Paris.
Les motifs sont les supports de ce mouvement répétitif, comme des thèmes de jazz aux interprétations multiples. La peinture devient l’espace du mouvement inachevé, de la lutte contre la fin. De Los Angeles, ville fluide et insaisissable, l’artiste a retenu « rien que du mouvement et du vide ».
I. L.