Claude Closky

Photographie couleur, 20*30 cm.
Acquis avec la participation du FRAM Île-de-France

Notice

Depuis la fondation du collectif « les Frères Ripoulin » en 1984 pendant ses études à l’École nationale des arts décoratifs avec Pierre Huyghe, entre autres artistes, Claude Closky manifeste un activisme artistique, urbain dans les premiers temps, puis en prise avec toutes les formes de production et de communication actuelles. Cette suractivité qui se déploie sur tous les supports, à travers tant de formes pourrait masquer une crainte du désœuvrement et de la perte d’inspiration. Alors Claude Closky s’en prend à tout, inventorie et réagit à tous ces signes qui nous entourent. Dès 1985, son œuvre adopte plusieurs formes, de la peinture au site Internet, en passant par le dessin, le collage, la photo, la vidéo, le diaporama, le livre. Son champ d’interrogations est permanent et tourne autour d’une mise en question perpétuelle de la nature même des images qui nous abreuvent. Qu’est-ce qu’une image ? Comment se construit-elle et comment nous construit-elle ?

On peut parler à son propos de la mise en œuvre d’une théorie subjective de l’information et des médias, qui obéit à deux mouvements apparemment contradictoires : l’ellipse et l’accumulation. Cette navigation, fortement subjective et néanmoins universelle, entre les objets, les signes et les images qui encombrent et codifient notre univers, prend au piège les techniques publicitaires et d’information par infiltration. Les clichés que véhiculent les moyens de communication de masse sont détournés et retournés pour une réflexion sur la construction de l’identité, tant individuelle que collective.

Deux photographies montrent des soucoupes volantes dans le ciel. Objets intrigants, elles mettent en question l’existence d’un fait avéré par la photographie, outil de preuve du réel. Claude Closky utilise la stratégie même de ce qu’il questionne par une mise à l’épreuve et une mise en abyme subtile et implacable de cette pratique. Avec ces images, il démonte ce leurre que la photographie révèle. Il interroge la valeur de l’information, des médias, la sophistication d’une stratégie autoritaire d’autant plus dangereuse qu’elle avance masquée. Ces photographies de 1996 sont en étrange résonance avec cette nouvelle pratique de l’image, témoin involontaire des grands événements de notre temps. Aujourd’hui, tout un chacun devient reporter en enregistrant sur son appareil photo, sur son téléphone portable les images chocs des attentats, des catastrophes dont il est l’acteur ou le témoin de hasard.

Avec des œuvres aussi légères qu’obsessionnelles par leur construction en série (tout ce que l’artiste peut faire autour d’un sujet), Claude Closky questionne la présence et l’influence des images dans notre vie de tous les jours, et s’en prend à l’illusion ici démontée pour mieux s’en libérer : « critiquer la fin et les moyens ». Une pratique du monde au quotidien, qui s’offre comme une méthode de regard et d’interprétation à la portée de tous, car ce sont des sujets partagés, d’un risque partagé.

A.F.