César

Bicyclettes, 170 × 83 × 62 cm

Notice

Sculpteur du fer et du métal, César présente ses premières Compressions au Salon de Mai en 1960. Il introduit l’aléatoire en n’intervenant pas directement sur le métal, mais en dirigeant une presse qui réduit en blocs des voitures, symboles du progrès technologique et des produits de consommation de la société industrielle. La nouvelle composition est organisée avec un enchevêtrement de morceaux métalliques polychromes et devient ainsi une sculpture très organique. Dans cette activité de recyclage de l’objet se retrouve la dimension critique des Nouveaux Réalistes, regroupés autour du critique d’art Pierre Restany. Chaque artiste du groupe met en place une démarche particulière : les Compressions sont associées à César comme les Accumulations à Arman, les Tableaux-Pièges à Spoerri, les Empaquetages à Christo ou les Affiches lacérées à Hains et Villeglé. Ces œuvres modifient le regard porté sur les objets industriels et interrogent la société de consommation.

Cette Compression est composée de bicyclettes pliées, tordues et imbriquées les unes dans les autres. L’enchevêtrement des cadres, roues, guidons, pédales et chaînes fait penser à des sortes d’entrailles métalliques où l’appréhension d’une partie demanderait une dissection de l’ensemble rendue impossible par l’action de la presse : par leurs caractères rigides, les différentes parties de métal semblent soudées les unes aux autres. Cette composition entremêle diverses couleurs et textures : les cadres de bicyclettes ont des teintes vives alors que les autres éléments varient du noir au blanc, la mollesse du caoutchouc des pneus s’oppose à l’inflexibilité des parties métalliques, la finesse des rayons des roues contraste avec la largeur des essieux et des pneus. A la recherche de l’expressivité du métal contracté par la presse hydraulique, César utilise des objets de rebut et propose une œuvre évolutive, puisque l’oxydation, l’usure des caoutchoucs, bref, le temps, en font partie intégrante.

V. D.-L.