Vladimir Velickovic

Huile sur toile, 250 x 500 cm.
© Photo Jacques Faujour
© Adagp, Paris 2008.

Notice

Arrivé en France en 1966 après des études d’architecture en Yougoslavie, Vladimir Velickovic peint depuis quarante ans la part sombre de l’humanité, à travers des représentations de paysages telluriques et de corps souffrants. Son engagement d’artiste devant la douleur des autres devient passion – ou besoin – de donner chair à la réalité par des moyens picturaux très étudiés : composition simplifiée, limitation de la palette chromatique, typologie restreinte des sujets. Pétries de références aux grands maîtres (Grünewald, Vinci, Goya…) et à l’histoire contemporaine, ses œuvres témoignent d’un respect de la tradition picturale tout en recourant à la photographie et aux images de presse comme document de travail. Le MAC/VAL conserve une lithographie caractéristique de cette démarche analytique, E. Muybridge’s Woman Figure in Motion, commandée à l’artiste à l’occasion de la Journée internationale de la femme en 1999.

Marqué dans sa jeunesse par les bombardements sur Belgrade en 1941, puis par la guerre de Yougoslavie en 1992, Vladimir Velickovic peint inlassablement des terres martyrisées, impossibles à localiser donc universelles. Tel un metteur en scène, il recherche une efficacité théâtrale en deux dimensions par le biais d’un décor rejetant toute narration et tout artifice de moyens. Sa peinture est une réflexion sur le fonctionnement de l’image, volontairement insoutenable afin d’éviter l’écueil de l’indifférence. Par souci d’efficacité, il répète les mêmes images, sans compromis. 1992 #7 appartient à une série intitulée « 1992 », qui comprend de nombreuses acryliques sur carton ou sur papier (dont le musée possède cinq exemplaires) et cinq toiles monumentales, la sixième étant en cours d’achèvement. Réalisée sans études préparatoires, 1992 #7 est la troisième de ces grandes peintures. Il s’agit d’une variation sur le thème de la guerre. Ayant pour support une toile de lin au grain fort et serré, non vernie et accrochée à 25 cm du sol, l’image incite le visiteur à y entrer par le trou d’obus situé sur le bord inférieur et à parcourir un chemin de croix visuel menant à une colline incendiée, parsemée de potences. Le somptueux camaïeu de couleurs variant du gris au noir contraste avec l’éclat rouge du brasier, témoin des atrocités commises par l’humanité prédatrice. Le corps en creux de l’Homme transparaît dans cette archéologie de la destruction que Velickovic peint inlassablement.

D.G.

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