François Arnal

Assemblage, matière plastique, socle en Plexiglas, 80 x 150 x 80 cm.

Notice

Plus connu comme peintre, François Arnal sculpte cependant depuis son enfance, objets et paysages. En 1959, il commence à véritablement développer un travail en trois dimensions et conçoit à partir de 1965 ses « Sculptures molles ».
L’artiste dessine et découpe des formes dans un polyester entoilé, puis les confie à une couturière qui les assemble et les bourre de mousse. Chaque forme est ensuite présentée sur un socle de Plexiglas qui fait partie intégrante de l’œuvre.
Le double écrou est symétrique, insolite, et semble peu fonctionnel, à vrai dire fort éloigné du bricolage. Mou, il est positionné incliné sur son socle rigide. Monumental, c’est un objet sans usage. Le rouge du Plexiglas se réfléchit sur la matière plastique vernie, illumine et colore le noir. Le choix de ces deux couleurs, le rouge et le noir, celui du synthétique vernis, proche du latex, et la forme suggestive de l’écrou contribuent à créer une œuvre à la séduction glacée qui évoque l’univers érotique des sex-shops.

La quinzaine de « Sculptures molles », chacune produite en six exemplaires, est présentée lors de l’exposition inaugurale de la galerie Daniel Templon en 1968. Ces œuvres sont contemporaines des créations autour de l’objet moderne des Nouveaux Réalistes et des artistes pop américains.
Œuvres multiples, elles préfigurent l’intérêt de François Arnal pour le design et la production d’objets d’art en série : l’artiste abandonne en effet peinture et sculpture pour fonder en 1969 une entreprise collective à vocation artistico-sociale, l’Atelier A. Ces objets, plus rapides à exécuter, plus largement vendus et moins onéreux pour l’amateur, s’inscrivent dans une société où productivité et consommation sont des valeurs dominantes. L’aventure tourne court en 1975. Arnal revient à la peinture : « J’aime les voies nouvelles, je ne les explore pas jusqu’au bout. »

I. L.