Edouard Pignon

Huile sur toile ; 130 x 195 cm

Notice

En 1970-1971, Édouard Pignon réalise de nombreux tableaux réunis sous le nom de « Plages aux parasols ». Dans les centaines de dessins exécutés à cette période d’après nature, le thème du nu est de plus en plus présent, jusqu’à devenir le motif principal. Il annonce la série des « Nus » développés entre 1973 et 1982. Un heureux hasard lui fait rencontrer une jeune femme qui se propose de poser pour lui. Pendant deux étés, Édouard Pignon passera ainsi des heures dans son atelier à dessiner d’après modèle.

Le recours au modèle lui permet d’explorer une nouvelle approche du corps et une autre façon de travailler. Il se place très près du corps, tourne autour et découvre de multiples points de vue. « Mon œil ne cessait de circuler. » Ce n’est plus le mouvement du sujet qui l’intéresse : il se déplace tandis que le modèle reste immobile. « Mon problème était de partir de la forme du nu et de l’épancher sur la toile. Ce n’était pas une arabesque, mais au contraire une articulation de volumes. » D’une toile à l’autre, le corps est tantôt replié, tantôt allongé, s’épanouissant sur toute la surface disponible au mépris des proportions réelles.

Gardant en mémoire les peaux colorées par le soleil et les reflets des parasols, Édouard Pignon exécutera des nus blancs cernés de couleurs. Puis les nus eux-mêmes se coloreront des rouges les plus variés, du rose à l’écarlate.
Le Nu et les Cactus appartient aux dernières toiles de la série, dans lesquelles s’exprimera pleinement le talent de coloriste d’Édouard Pignon. Tout le tableau devient rouge. Fond et forme ne constituent plus qu’un seul et même plan saturé, refusant le vide et les effets de profondeur. Les contours à peine délimités font surgir ton sur ton le corps voluptueux de la femme.

Qu’il s’agisse des « Mineurs », des « Combats de coqs » ou des « Plongeurs », Édouard Pignon a toujours travaillé en extérieur. L’introduction dans les nus, vers 1978, des cactus qu’il voit de sa fenêtre témoigne de cette volonté de toujours partir du réel qui s’offre à lui. De le restituer par des sensations intimes où l’imaginaire intervient. Les cactus situés derrière le modèle semblent en épouser les formes généreuses, en suivre les courbes… Bizarrement, ils renforcent l’érotisme de la posture.
Thème par excellence de la peinture classique, le nu ne raconte rien, il échappe à toute narration. Chez Édouard Pignon, il traduit le plaisir charnel de peindre.

G.B.