Même s’il la pratique depuis de nombreuses années, Matthieu Laurette ne met jamais en avant, dans son discours, le terme de performance, mais celui d’action.
Car cette dénomination lui apparaît liée à une autre génération, tandis qu’il s’inscrit dans le quotidien, parfois même assez trivial de nos années 2000, tout en demeurant très distancié du rapport au corps. Ainsi pour cette intervention, il photographie au polaroïd des anonymes, devant un mur de logo. Dans un exercice presque sportif, de 15h00 à 23h00, les shoots s’enchaînent sans laisser de trace puisque le cliché unique est offert au modèle. Plusieurs années après, qu’en reste-t-il ? Pour La face B de la performance, Matthieu Laurette est allé repêcher sur le site du musée les traces fantomatiques et a retrouvé le texte qui avait été écrit, même avant que son action n’ait eu lieu… Puis, à l’aide d’un logiciel, et un simple copier-coller, il a transformé en voix ce récit. « Thomas », du prénom de cette intonation, est ainsi la personnification distanciée d’un mélange des temps entre passé, présent et rétro-futur, décrivant la scène de manière purement informative. Matthieu Laurette réactive par là-même ses questionnements sur la valeur de l’œuvre d’art, à l’heure de sa sur-médiatisation.