Avec Gladys Hulot et Paulette Wright
« Divine Horsemen », la performance proposée dans le cadre de l’exposition de Morgane Tschiember, s’inscrit dans le cycle de « conférences élargies », issu des recherches de Gene Younblood autour du cinéma élargi (« Expanded Cinema », 1970) sur lequel Meris Angioletti travaille depuis 2014.
La conférence élargie a comme point de départ un texte, sous la forme d’un court essai à la structure polyphonique (superposition du corps du texte aux notes en bas de page, voix-off, dialogues/polylogues), incarné (élargi) à travers un travail de musique, lumière, voix, vibration. Dans une conférence élargie le plan rationnel, le plan émotionnel et le plan éléctro-biologique se mélangent, comme dans la tragédie grecque, à la recherche d’une forme de connaissance somatique et d’une transmission involontaire (dans le sens aussi de la musculature) du savoir, un apprentissage par absorption cellulaire.
Dans le cas spécifique de « Divine Horsemen », c’est la voix (humaine) qui tisse la structure de la performance : à partir de la figure clé de la « curandera y contadora », femme-medecine de la tradition des tribus pré-colombiennes de l’Amérique Latine, qui a le pouvoir de guérir à travers la narration de contes, la voix se déploie dans l’espace comme vibration et comme parole, accompagnée par une scie musicale, instrument dont le son est le plus proche à celui de la voix humaine.
Le texte inédit écrit pour la performance aura la structure d’un conte, tout en gardant un caractère d’essai : les origines fictives ou réelles du cinéma comme projection psychique et lumineuse (un nouveau soleil parmi les six de l’exposition), traité pas Hollis Frampton (« A stipulation of Terms from Maternal Hopi »), l’allégorie de la caverne chez Platon, l’art rupestre ainsi que la fonction de l’espace rituel dans le processus de création (Maya Deren, « An Anagram of Ideas on Art, Form and Film », 1946 et « Divine Horsemen : Living Gods of Haiti », 1953) seront parmi les thèmes abordés.