Réelle découverte pour les uns, confirmation d’un univers singulier pour les autres, cette première grande exposition monographique en France de Melanie Manchot porte un regard sur vingt ans de création, à travers une sélection d’œuvres réalisées entre 1998 et 2018, et ouvre son champ d’investigation grâce à de nouvelles productions.
Melanie Manchot s’approprie l’espace en le mettant à nu dans une scénographie ouverte mêlant espaces intimes et communs où chaque œuvre définit son propre territoire. L’artiste rejoue ses pièces et les fait dialoguer, favorisant ainsi une vision globale de son travail. Dans ses installations vidéo, elle mise sur l’échelle de la projection et les multiples écrans, impliquant le corps du spectateur et sa relation aux œuvres, lui demandant d’être actif et de multiplier les points de vue. Le temps de l’exposition devient le temps d’une nouvelle production vidéo participative, finalisée la dernière semaine, lors de laquelle la salle d’exposition se transforme en un plateau de tournage, véritable décor de cette œuvre en devenir.
Depuis la fin des années 1990, Melanie Manchot place au cœur de sa pratique artistique les liens, relations et tensions entre l’individu et la communauté, en multipliant les expériences individuelles et collectives. Ses travaux photographiques et vidéo jouent avec les codes de l’histoire de l’art et du cinéma et interrogent les frontières et les transgressions entre réalité et fiction. Artiste allemande vivant à Londres, cette citoyenne européenne porte un regard ouvert, généreux et original sur le monde et sur le rapport de l’individu au groupe. Son œuvre est traversée par la relation qu’entretient le corps (social) à l’espace (public). Sa pratique, axée sur une observation minutieuse et proche du documentaire, explore divers procédés – échanges, gestes – qui se produisent entre les subjectivités individuelles et les espaces de la collectivité. Elle manie le portrait comme genre en développant une sensibilité particulière de la relation des figures à leur environnement. Dans un processus généralement performatif, elle met en scène des situations propices à la rencontre d’inconnus et de communautés habituellement séparés, dans des lieux qui agissent comme des révélateurs d’un contexte politique, social, spatial, institutionnel, pour mieux questionner leur rapport aux autres, au contexte et au monde. Elle s’intéresse aux transgressions des codes du public et du privé, créant des situations dans lesquelles un geste intime – embrasser, caresser, se dévêtir, dormir – est exécuté en public. Ses portraits de groupes dans lesquels elle étudie, se réapproprie, fédère ou reproduit des rituels publics (regroupements, manifestations, marches, danses, fêtes) encouragent la constitution et l’affirmation d’un corps social commun, le partage, l’échange et le « vivre ensemble ». Son travail sur l’abolition des frontières se construit dans un subtil équilibre entre l’organisation d’une communauté de personnes dans un espace-temps donné et la représentation d’individus dans leur épaisseur psychologique.
Tel un instantané ancré dans une société en perpétuel mouvement, l’œuvre de Melanie Manchot rend visible l’idée d’une harmonie possible de différences et de diversités.
Melanie Manchot est née en Allemagne en 1966, elle vit et travaille à Londres.
www.melaniemanchot.net
Communiqué de presse
Petit journal
Bon Plan
Avec la participation du Goethe-Institut Paris