Christian Jaccard

Mèche lente sur acrylique sur toile sur huit châssis, 190 x 380 cm.

Notice

Passionné par les fossiles dès l’enfance, Christian Jaccard s’initie aux différentes techniques de gravure à l’école des Beaux-Arts de Bourges dès 1955. Cette fascination pour l’empreinte se retrouve dans son travail depuis les années 1970. Il interroge les pratiques picturales et sculpturales traditionnelles à partir de pigments et de feu sur toile libre ainsi que de nœuds. Ces deux directions se rejoignent car les cordes qui servent à faire les noeuds se retrouvent dans le processus de création des empreintes de ses tableaux en servant de mèches.

Dans les années 1970, Jaccard est proche des artistes de Supports/Surfaces qui questionnent la peinture, sa matérialité et sa présentation dans l’espace en rupture avec le tableau de chevalet. Le feu est outil de création, dans la lignée d’Yves Klein ou d’Alberto Burri, mais sa présence est ici plus matiériste, en tant que trace ou empreinte, voire motif même.

Dans Polyptyque, combustion sur huit modules, Christian Jaccard donne à voir une manifestation maîtrisée de la combustion à mèche lente sur huit toiles peintes en aplats d’acrylique rouge. Sur chacune, un arc de cercle, formé par la corde calcinée, est cerné par les traces noires de la propagation de l’ignition sur le support. Cependant, le motif n’est pas récurrent. Les différentes formes d’empreintes de combustion font de cette composition une série presque narrative, non pas comme un polyptyque médiéval figurant une succession de scènes bibliques, mais plutôt comme une réinterprétation de cette forme ancienne avec différentes traces de l’embrasement du feu sur la toile. La couleur rouge rappelle la série des « Rouge émis », réalisée en 1984 en hommage à l’éruption volcanique du Vésuve. Le feu et la peinture, se diluant, constituent le sujet du polyptique qui présente les variations subtiles issues de leur rencontre sur la toile.

V. D.-L.